Le pape doit aller dans le quartier de Scampia, le fief de la Camorra, la mafia locale. Il sera doublement menacé lors de cette visite, d'un côté par les djihadistes, comme à chacun de ses déplacements, de l'autre par la mafia elle-même, après l'excommunication prononcée contre elle par le pape. 3 000 membres des forces de l'ordre sont déployés, dont des tireurs d'élite sur les toits.
«Il est encore temps de ne pas finir en enfer»
Depuis son élection, François s'est mis à dos les mafieux, souvent pratiquants et bienfaiteurs des paroisses, en invitant avec force les catholiques à cesser toute collaboration ambigüe avec eux. En mars 2014, lors d'une cérémonie organisée par l'association catholique antimafia Libera, il avait fustigé «le pouvoir et l'argent ensanglantés». «Il est encore temps de ne pas finir en enfer», avait-il lancé. En Calabre en juin, François avait «excommunié» la 'Ndrangheta, puissante mafia locale, franchissant un pas inédit dans la condamnation du crime organisé.
Les relations ont pourtant été longtemps ambiguës : patronage de processions par des mafieux, liens ou tentatives d'influencer certains prélats, détournement de ressources d'institutions et d'oeuvres caritatives, achat dans le passé de biens immobiliers du Vatican... Mais toutes ces pratiques sont à bannir selon François, qui devrait aussi dénoncer les trafics et mécanismes économiques injustes qui permettent aux pouvoirs mafieux de prospérer.
Déjeuner avec des transsexuels, des homosexuels et des malades du Sida
Outre la lutte contre la mafia, l'honnêteté dans la gestion des biens publics, l'accueil des immigrés, le chômage des jeunes, les scandales de pollution seront les points forts du message du pape. Des centaines de milliers de personnes sont attendues samedi dans les rues de Naples, métropole très catholique. Le programme est chargé avec neuf étapes et six prises de parole.
En plus de la visite du quartier de Scampia, le pape doit prier à Pompei, célébrer une messe sur la célèbre Piazza del Plebiscito et visiter la prison de Poggioreale, qui compte 2 500 détenus dans un espace prévu pour 1 400. Il déjeunera avec 90 d'entre eux, dont une dizaine de transsexuels, homosexuels et malades du Sida. Il s'inclinera ensuite devant les reliques de Saint-Janvier, à la cathédrale, dont le sang, selon la tradition, se liquéfie plusieurs fois par an. Enfin, il rencontrera des jeunes pour un concert de chansons napolitaines.